Projet commun

Orise Jacques-Durocher (Projet commun no 1) et Charlotte Guirestante Ghomeshi (Projet commun no 2)

Projet commun crée des occasions de partage d’idées et de travail collaboratif impliquant non seulement des artistes, des commissaires et des lieux culturels variés, mais aussi une hétérogénéité de publics. Les expositions et œuvres présentées sont ainsi enrichies de points de vue multiples. Projet commun pousse la création vers des horizons pluriels afin d’ouvrir les arts visuels à une plus vaste communauté, incluant les éventuels collectionneurs et collectionneuses.

Si Orise Jacques-Durocher et Charlotte Guirestante Ghomeshi sont exposées par Projet commun c’est notamment parce que leur démarche respective témoigne d’une grande ouverture, d’une lucidité et d’une sensibilité à l’égard d’autrui. Tandis que la première artiste nous invite à intégrer son univers processuel en imaginant et concevant des objets 3D (sculptures, installations) qui engagent des dialogues autour de thèmes comme le travail invisible, l’atelier, le fait-main et la productivité dans une société soumise aux diktats de la vitesse, la seconde nous propose de s’immerger, à partir de supports 2D (photos, vidéos), au cœur de sa réalité multiculturelle, où l’on découvre la richesse des rencontres entre identités singulières.

Inspirées par la vie matérielle et humaine qui nous anime quotidiennement, leurs œuvres nous incitent à prendre conscience des potentialités qu’offre la diversité de notre environnement naturel et culturel. La technique de traitement de surface expérimentale d’Orise, qui consiste entre autres à concasser des sculptures complétées afin de les introduire dans les recettes de glaçures appliquées à la surface de ses céramiques, provoque l’allure dénaturée de la matière. Ce procédé contre-productif nous amène à réfléchir au matériel, à sa préciosité et à l’activité de fabrication, initiant une conversation sur la désaliénation au regard des objets qui nous entourent. Le travail de Charlotte, naviguant dans des espaces psychologiques universels, bien que créés à partir d’expériences personnelles, suscite une réflexion identitaire profonde qui s’appuie sur la relation complexe qu’elle entretient avec ses origines mixtes, québécoise, iranienne et italienne. Ses mises en scène poétiques, aussi intimes qu’elles soient, se transposent en nos corps et renforcent notre capacité d’empathie.

Les valeurs promues par Projet commun sont cultivées au sein même des propositions de ces deux femmes artistes, sensibles à leurs conditions d’existence et au vivre-ensemble. Elles nous conscientisent en ce qui concerne l’écosystème dans lequel nous vivons et par rapport aux personnes de notre entourage. Si Projet commun tend à bâtir un milieu inclusif, éveillé et plus démocratique, en impliquant dans chacune de ses initiatives une pluralité de voix, dont celles de publics moins réactifs à l’offre artistique, Orise et Charlotte appuient la démarche par leur pratique qui se nourrit à la fois de l’autre et de l’espace qu’on habite collectivement.